Stanislas Lobez est directeur de CAP FIBRE, filiale d’Axione chargée du déploiement et de l’exploitation du réseau public Très haut débit du Nord et du Pas-de-Calais.

Il nous explique les conditions du succès de la transition du réseau cuivre vers la fibre à l’horizon 2030.

L’extinction du cuivre (ADSL) par l’opérateur historique sera effectif en 2030 pour l’ensemble du territoire national. Le Nord et le Pas-de-Calais sont déjà bien engagés dans cette transition, et prennent les mesures nécessaires pour l’accompagner. Après une expérimentation réussie sur la commune de Provin, la première étape d’envergure pour les deux départements est fixée au 31 janvier 2025, avec l’arrêt du cuivre dans 62 communes. « Le décommissionnement est échelonné par lot, pour une transition progressive. CAP FIBRE est partie prenante sur ces premiers lots », explique Stanislas Lobez, directeur de CAP FIBRE.  Pour envisager sereinement la fin du cuivre, il est essentiel de respecter certains fondamentaux. Il s’agit notamment, de l’atteinte d’un haut niveau de déploiement de la fibre sur le territoire (complétude de déploiement), de l’atteinte d’un haut niveau de pénétration commerciale (sur la zone publique du Nord et du Pas-de-Calais, le taux de pénétration du réseau est de l’ordre 63 %) et de la capacité de l’Opérateur d’Infrastructure Fibre à exploiter et maintenir le réseau. « Nous sommes solides sur nos bases, l’engouement pour la fibre dans notre région nous a permis d’avoir un fort succès commercial en très haut débit », souligne Stanislas Lobez.

Si le Nord et le Pas-de-Calais ont des bases solides, l’enjeu est désormais d’accompagner le reste de la population à passer à la fibre. « La transition de l’ADSL vers la fibre est plus qu’une simple mise à niveau technologique. C’est une transformation qui impacte chaque foyer, chaque entreprise et chaque institution de notre région. C’est pourquoi il est crucial d’avoir une approche collaborative et d’impliquer toutes les parties prenantes dans ce processus, notamment les élus qui ont un rôle crucial dans l’accompagnement. », explique Fabrice Douez, directeur du Syndicat mixte Nord Pas de Calais Numérique. Et pour ce faire, anticipation et pédagogie sont les maîtres-mots.  Ce qui est indispensable, c’est de créer un projet de territoire, c’est-à-dire d’associer toutes les forces en présence : opérateurs d’infrastructures, élus, services des collectivités et fournisseurs d’accès à internet. L’objectif numéro un étant d’informer l’ensemble de la population de la prochaine fermeture du cuivre. « Nous nous adressons désormais plutôt à une population âgée, qu’il faut impérativement informer, et nous avons donc créé un dispositif de communication adaptée pour que chaque citoyen soit atteint », complète Stanislas Lobez. CAP FIBRE a mis en place différentes actions, notamment un support à destination des élus pour communiquer des informations pratiques : pourquoi passer au cuivre ? Quand aura lieu l’extinction du réseau ? Comment conserver sa ligne téléphonique ? « Notre volonté est de se mettre dans la peau des élus et des citoyens ». Des forums publics, en présence des fournisseurs d’accès, sont organisés pour répondre aux questions concrètes de la population. Enfin, des réunions entre CAP FIBRE et les élus sont organisés tous les 3 mois, pour maintenir la mobilisation sur la durée. Et ce dispositif fonctionne. « Sur les 62 communes concernées par le premier lot, on constate une multiplication par deux du nombre mensuel de raccordements ».

C’est également dans le Nord qu’a figuré la première commune de France à connaître l’arrêt total du cuivre, à Provin. « CAP FIBRE, Orange et tous les opérateurs se sont mobilisés pour que cette migration se passe bien. La coordination entre tous les acteurs a été bonne », poursuit Stanislas Lobez. Cette fermeture soulève néanmoins de nouveaux enjeux, notamment liées à la suppression ou la réutilisation des infrastructures du réseau d’Orange, ou à l’émergence de nouveaux enjeux business pour Axione. Avec l’extinction de la boucle locale cuivre d’Orange, Axione devient l’unique opérateur d’infrastructures fixes dans ses Délégations de Service Public.